Valeurs de gauche, Valeurs chrétiennes

Dans l’acception la plus commune, christianisme rime souvent avec points de vue conservateurs, voire un peu « Vieille France » et bourgeoisie traditionnelle. En d’autres mots, si vous êtes chrétiens, vous êtes catalogué de droite. Il semble que la fracture de 68 et l’avènement du capitalisme libertaire ait encore appuyé sur une opposition entre modernité = « coolitude » d’un côté contre « réacs » passéiste de l’autre. Autrement dit être chrétien n’est pas seulement devenu être de droite mais encore d’une certaine droite qu’on a cherché à ringardiser à tout prix, du côté de la gauche la plus marqué comme du côté d’une certaine gauche caviar, finalement plutôt libérale dans les faits.

Contre cette conception générale, les valeurs chrétiennes peuvent très bien s’accorder à certaines valeurs de gauche. On pense notamment à celles nourries par des principes d’égalité et de solidarité, qui ont émergé du christianisme et de son universalisme pour se traduire, plus tard, dans les droits de l’homme à la française.

Des principes communs

Depuis 2000 ans, le Christianisme est synonyme d’altruisme et de fraternité. La Bible encourage le chrétien à penser à son prochain et à l’assister dans l’adversité. Charité, bonnes œuvres, main tendue : la solidarité fait partie intégrante des préceptes du christianisme et n’est autre qu’une forme réciproque d’altruisme. On notera que dans le contexte d’un néo-libéralisme actuelle où la concurrence appuie sur le succès individuel, cette valeur tend à se perdre. La course pour la richesse occupe une place importante. Alors que dans l’autre camp, la solidarité est mise en avant pour répondre aux différents enjeux de la société. Les choses étant nuancées, entre les deux et encore une fois, il subsiste une droite des valeurs familiales et, plus loin, sociales pour laquelle la réussite continue d’être compatible avec des valeurs chrétiennes.

Du côté gauche, il y a bien sûr cette convergence sur la question de la solidarité et de l’égalité. On cherche à mettre en place un idéal social qui n’écarte personne et où chacun devient un acteur de développement. À l’instar des programmes socialistes qui visent à promouvoir une couverture sociale égale pour tous, notamment sur le plan sanitaire. Cette vision permet à la fois de penser à son prochain et d’assurer à tout un chacun un droit à la vie. Entre la méritocratie et « chances pour tous », ce sont autant de nuances qui ont permis de mettre en place le système français. Bien avant la révolution de 1789 et bien plus qu’elle même aussi, 1500 ans de valeurs chrétiennes n’y sont sans doute pas étrangères.

Des valeurs plutôt catholiques ou protestantes ?

Comme il a été mentionné plus haut, le courant droit est généralement plus associé au catholicisme, même si le néo-libéralisme, le capitalisme financier et le mondialisme ont depuis plusieurs décennies totalement brouillé les cartes. Ce qui surprend plus et que l’on sait moins c’est que les catholiques et les chrétiens on tenu également de grands rôles dans l’histoire de la gauche et ce depuis toujours. Qui se rappelle de la série cinématographique des Don Camillo se souvient sans doute de l’opposition farouche entre le maire communiste et le prêtre Fernandel. Elle donnait lieu à des situations les plus cocasses mais on se rappelle aussi de quelques situations dans laquelle l’union sacrée autour des valeurs de la communauté et de la solidarité réunissait les deux « ennemis » vers un même but.

Pour prendre des exemples plus marquants et moins triviaux, dans l’histoire de la gauche, la création des mouvements des prêtres ouvriers sous Pie XII en est un bon exemple. Nous reviendrons sur cette histoire des chrétiens de gauche mais si, force est de constater qu’en France, la mouvance gaucho-catho n’a jamais pu s’unifier convenablement prise entre les feux de certaines de ses contradictions.

On ajoutera que, bien sûr, le protestantisme a joué aussi un rôle important dans l’histoire de la gauche. A contrario du catholicisme, il est plus décentralisé et offre une plus grande liberté aux croyants. Ils sont plus enclins à bousculer vers des idéologies progressistes étant donné l’absence d’autorités conservatrices. A titre d’exemple, les protestants de gauches ont entre autres été parmi les fondateurs du planning familial d’aujourd’hui.

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