Chrétiens de gauche

En France, comme ailleurs, les orientations politiques du XXe siècle se sont longtemps caractérisées par le fameux clivage gauche-droite : une représentation politique visant à classer les mouvements politiques selon leur choix de gestion étatique, leur conception de la relation entre l’individuel et le social, mais aussi sur un certain fond de valeurs morales.

Ainsi, la droite voudrait instaurer une vision plus libérale où les capitaux priment. L’individu y est maître de son destin, à lui de se déterminer. Tandis que la gauche défendrait la construction d’une société plus égalitaire et travailleuse. Dans ces deux conceptions, le christianisme est plus répertorié pour être classé à droite : d’une part parce qu’il est associé à une certaine classe bourgeoise et des valeurs conservatrices. D’autre part, parce que la gauche est née du marxisme et que le marxisme est un matérialisme. Il n’accorde aucune place à la religion dans sa vision sociale et elle est absente du progressisme « nécessaire » pour modeler un monde idéal sur des bases nouvelles. Au delà de ce schéma devenu simpliste, il a existé et il existe aussi des chrétiens de gauche, qui ont pu avoir une influence plus ou moins importante dans la sphère politique.

Un courant socialiste qui prend source dans la Bible

A l’origine, les mouvements des chrétiens de gauche sont guidés par une idéologie socialiste qui découle des paroles des Évangiles. Cette vision se porte sur plusieurs valeurs qui peuvent se résumer avec l’égalité et la solidarité. Afin de réaliser cette représentation sociétale idéale, le socialisme chrétien peut se catégoriser à travers 2 principaux courants :

  • Réformiste : l’histoire du christianisme est composée de perpétuelles réformes. D’ailleurs, c’est dans ce sens que ce courant veut définir une réforme de la société effectuée au nom des chrétiens.
  • Associationniste : qui se tourne plus vers l’action guidée par les valeurs chrétiennes à travers des associations, coopératives, etc.

Une mouvance qui existe depuis longtemps

L’engagement des chrétiens dans la représentation socialiste date des débuts du XIXe siècle. Ce mouvement chrétien social a pris forme sous des conditions de vie misérables et un environnement socio-économique qui caractérisait la post révolution industrielle. Il vise à défendre les intérêts d’une classe ouvrière chrétienne qu’elle soit catholique ou protestante. Quoique, le libertarisme de 1968 ait essayé de nous faire croire, la bourgeoisie n’a jamais eu le monopôle de la croyance chrétienne : sur le sol français et européen et depuis le moyen-âge, le christianisme n’a jamais été un phénomène de classe.

Au fil de l’Histoire, ce mouvement des chrétiens de gauche va se développer en France et marquer l’histoire politique du pays. « Ils y ont mis beaucoup de générosité et de dévouement, un grand idéal de solidarité et de fraternité ». Tels sont les mots de Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel dans leur livre « À la gauche du Christ ».

Des chrétiens de gauche en France, mais pas seulement

Il n’y a pas qu’en France que le mouvement des chrétiens de gauche a vu le jour. Il n’a pas épargné la région la plus chrétienne du monde, notamment l’Amérique Latine. Par le biais du mouvement de la Théologie de la Libération, cette partie du monde marque son adhésion au courant. Il se forme au Pérou pendant le Congrès Épiscopale latino-américain ou CELAM de 1968 en tant que courant de pensée.

Peu après, il se développe en Argentine, au Brésil, au Chili et au Mexique durant le XXIe siècle. Les intérêts de classe convergent. Les choses évoluant, certains militants de la gauche catholique se sont alliés aux côtés des marxistes. Actuellement, des présidents prennent encore position dans ce courant de gauche chrétienne, à l’exemple d’Hugo Chavez, ancien président du Venezuela. Loin de la gauche théorique des premiers pas du marxisme, le mariage des valeurs est donc possible.

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